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Comment demander une avance sur succession

Posée comme ça d’emblée, la question peut susciter beaucoup de confusion, tant qu’on n’a pas précisé s’il s’agit d’une situation avant ou après le décès de la personne dont on hérite. Deux cas de figure se présentent.

Avance sur sur succession après le décès

La question n’a de sens que lorsque la succession est encore dans l’indivision, avant le partage. Si, par exemple, le patrimoine du défunt consiste en un bien immobilier qui est mis en vente, un héritier peut toujours faire une demande d’avance sur héritage aux banques dument munie d’un ordre irrévocable du notaire. Cependant, l’appréciation de la banque ne se suffira certainement pas de ce document et voudra s’assurer de l’aptitude financière du demandeur à rembourser ses crédits, ainsi que de son taux d’endettement actuel. Autant dire que cette avance n’est pas forcément acquise.


Photo par CafeCredit.com (Creative Commons)

Toutefois, comme il arrive souvent, il se peut que les fonds du défunt se trouvent détenus par le notaire ou déposés sur un compte bancaire, et qu’en même temps il y ait un besoin urgent pour régler certaines dépenses (frais d’obsèques ou autres). Dans ce genre de cas, un des indivisaires peut entrer rapidement en possession des fonds de l’indivision, en vertu de l’article 815-6, alinéa 2, du Code civil afin de faire face à ces dépenses urgentes, dans l’intérêt de tous, même sans obtenir le consentement des autres indivisaires. Il lui suffit pour cela de présenter une requête au président du tribunal de grande instance. Par contre, pour des dépenses personnelles, il faudra invoquer l’article 815-11 du Code civil qui permet de demander une part annuelle sur les bénéfices de l’indivision.

Avance sur héritage ou succession avant le décès

C’est le cas le plus fréquent des avances sur héritages. Il faut préciser que dans ce cas, il n’y a aucune voie officielle pour faire une telle demande. L’avance sur héritage se fait devant notaire par donation, celle-ci ne pouvant être décidée que par la volonté du donateur, en accord avec le donataire (futur héritier). C’est ce qu’on appelle une donation en avancement sur part successorale (connue aussi sous le nom d’avancement d’hoirie). Il s’agit donc d’une avance sur ce que l’héritier est supposé recevoir au décès du donateur. Elle s’impute donc sur la part d’héritage du donataire, c’est-à-dire que sa valeur sera retranchée de la part qui lui revient. D’autre part, la donation est rapportable à la succession, c’est-à-dire qu’elle sera réintégrée (fictivement) à l’actif successoral et réévaluée au jour du partage.


Caricature par thethreesisters (Creative Commons)

Supposons qu’une personne reçoit de son père une donation (notariée) de 100 000 €, et qu’au décès le patrimoine du père s’élève à 500 000 €. Supposons aussi que cette personne a un frère vivant. Alors la masse successorale sera 500 000 € + 100 000 € = 600 000 €, et donc la réserve héréditaire (2/3) sera de 400 000 €, soit 200 000 € par enfant. Par conséquent, le frère recevra 200 000 € et la personne en question 100 000 € seulement. Mais comme la quotité disponible est de 200 000 €, au final le frère recevra 300 000 € et la personne donataire recevra 200 000 €. Bien sûr, s’il s’avère que le montant de la donation dépasse la réserve héréditaire, on puisera dans la quotité disponible jusqu’à assurer l’égalité des parts. Si cela ne suffit pas, le donataire sera obligé de verser des indemnités à son frère à hauteur du montant préservant l’égalité du partage.

Photo (Creative Commons)

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